Article par Chrystelle Dakpogan Houngbédji, Directrice Exécutive Organisation pour le Développement Durable et la Biodiversité (ODDB-ONG) avec Sera Bulbul, MCLD-US
Je suis la directrice exécutive de l’Organisation du développement durable et de la biodiversité (ODDB-ONG). J’ai participé à la création de l’organisation en 2011 et je suis passé du poste de présidente à celui de directrice exécutive depuis lors. Au cours de ma carrière, j’ai travaillé sur le pouvoir de transformation des initiatives communautaires en matière de conservation de l’environnement et de développement durable, et j’en ai été témoin.Que fait ODDB-ONG ?
L’approche multiforme de l’ODDB-ONG se concentre sur quatre domaines d’intervention prioritaires :
La biodiversité : Nous travaillons dans les forêts communautaires du sud et du centre du Bénin pour étudier la biodiversité. Nous ne pouvons pas conserver ce que nous ne connaissons pas, c’est pourquoi nous faisons le suivi-écologigue au niveau de nos zones d’intervention. Nous contribuons également à l’amélioration de la qualité des habitats à travers des reboisement..
Éducation à l’environnement : L’engagement des jeunes générations dans la conservation est un gage de durabilité. Outre les jeunes, nous travaillons également avec des agriculteurs, les chasseurs, les pêcheurs et d’autres personnes vivant autour de nos sites d’intervention.
L’écotourisme : Nous reconnaissons le potentiel économique de l’écotourisme durable en tant que moyen de conserver les forêts et de fournir des moyens de subsistance alternatifs aux résidents locaux. En promouvant des pratiques touristiques responsables, nous visons à réduire la pression sur les ressources naturelles.
Développement communautaire : former et équiper les populations locales pour des activités alternatives génératrices de bénéfices, afin qu’elles soient en mesure de réduire la pression qu’elles exercent sur les forêts et de garantir la gestion durable et la conservation de ces dernières.
Notre travail se concentre sur la protection de la biodiversité en utilisant les espèces de primates comme espèces phares, en particulier dans le sud du Bénin, où nous rencontrons des défis uniques. L’un de ces défis concerne la conservation d’une espèce de singe en danger critique d’extinction endémique au Dahomey- Gap, que l’on trouve donc exclusivement qu’au Bénin et dans une partie du Togo et du Nigéria. Grâce à des actions de conservation ciblées, nous nous efforçons d’assurer la survie de ces créatures remarquables et de leurs habitats.
Sensibiliser et inspirer l’action
L’éducation communautaire est au cœur de notre approche. Grâce à des programmes de sensibilisation et d’éducation à l’environnement menés avec des groupes locaux, nous sensibilisons le public et encourageons les individus à devenir des champions de la conservation au sein de leur communauté. Les actions locales de plusieurs ONG dans notre domaine se complètent pour avoir un impact positif sur la biodiversité et, bien sûr, sur les populations avec lesquelles nous travaillons.
Éduquer les jeunes à l’environnement
Nous avons travaillé pour attirer l’attention des jeunes, et nos interventions sur le terrain ont réellement permis d’attirer leur attention sur la cause de la biodiversité.
Notre programme d’éducation à l’environnement est composé d’un certain nombre de leçons théoriques et pratiques en fonction de l’objectif que nous voulons atteindre. Lorsque nous menons ce programme avec des élèves et des écoliers, nous incluons un pre-test et un post-test, ce qui nous permet d’évaluer le niveau de compréhension des participants. Nous avons remarqué une grande différence entre les résultats avant et après, ce qui nous montre à quel point les jeunes apprennent de nos programmes.
Lorsque nous menons ces programmes avec les communautés qui vivent à proximité de la forêt, nous avons été surpris de constater que certaines personnes ne connaissaient pas très bien cette ressource proche. Nous avons constaté un éveil à la forêt, à cette richesse naturelle qui est très proche d’eux, mais qu’ils ne connaissaient pas. Nous leur laissons nos coordonnées et nous recevons ensuite des commentaires sur l’importance du programme. Ils peuvent également nous appeler pour nous informer de la présence de telle ou telle espèce à un endroit donné, et nous pouvons la récupérer et la relâcher, par exemple, dans la forêt. Les personnes avec lesquelles nous travaillons, adultes et jeunes, nous font donc part de leurs réactions positives.
Agir localement pour soutenir la durabilité
Les approches en matière d’environnement nécessitent le consentement des populations locales. Si nous voulons parvenir à la durabilité, il ne s’agit pas d’imposer des approches qui interviendront dans les efforts actuels. La démarche devra être véritablement participative et chacun devra y contribuer.
Nous devons tous agir à notre niveau pour obtenir un résultat global. Les problèmes environnementaux découlent, entre autres, de l’utilisation abusive de nos ressources forestières. Si nous pensons aux populations autour des sites où je travaille, chaque individu peut réduire sa consommation de bois de chauffage.
Notre parcours a été enrichi par des partenariats, tels que la collaboration avec le CLD-Bénin, qui nous a fourni des informations précieuses sur les pratiques de développement piloté par la communauté. Ensemble, nous renforçons les initiatives locales et amplifions l’impact de nos efforts collectifs. Faire partie du CLD-Bénin a amélioré nos méthodes de travail. J’ai appris de nouvelles approches et j’ai développé une compréhension plus profonde du développement piloté par les communautés.
Une approche unique de l’éducation à l’environnement
L’une de nos initiatives uniques combine le sport et l’éducation à l’environnement afin d’impliquer les jeunes dans les efforts de conservation. Ainsi, des clubs nature et sport composés de jeunes filles ont été créés dans une dizaine de collèges. Ces jeunes filles se familiarisent avec la biodiversité, le changement climatique et la reforestation tout en perfectionnant leurs compétences footballistiques. En exploitant le pouvoir du sport, nous inspirons une nouvelle génération de gardiens de l’environnement.
Nous avons organisé un tournoi de football pour attirer le public, afin de le sensibiliser à la protection de la biodiversité et aux effets du changement climatique. Dans le même temps, les filles qui ont bénéficié de ce programme ont eu l’occasion de produire des plants qui ont été utilisés pour le reboisement des forêts dégradées dans leur commune et les espaces publics, améliorant ainsi la qualité de l’habitat mais sensibilisant également les populations à ce défi auquel le monde est confronté.
Une note sur les femmes dirigeantes
Je ne pense pas qu’il soit rare qu’une femme dirige une organisation au Bénin, mais je ne connais pas beaucoup de femmes qui travaillent dans la conservation et la protection de l’environnement. Mon conseil aux femmes béninoises est qu’il est possible de diriger une ONG en tant que femme, quel que soit le secteur. Cela demande beaucoup d’efforts, mais j’encourage les femmes à s’efforcer d’occuper des postes de décision. Les femmes ont la possibilité d’apporter des changements positifs.
À propos de Chrystelle
Sa passion pour la faune l’a conduite à obtenir un diplôme d’ingénieur en Génie de l’Environnement et un Diplôme d’Etude Supérieures Spécialisée (DESS) en gestion de la faune et des parcours naturels. En 2011, elle a co-fondé l’Organisation pour les Développement Durable et la Biodiversité (ODDB ONG) dont elle en est actuellement la Directrice Exécutive. Elle travaille aux cotés des populations locales pour la conservation durable de la biodiversité et reste convaincue que la préservation de nos ressources naturelles passe par l’implication de toutes les parties prenantes particulièrement de la jeunesse et des femmes. Elle conduit avec beaucoup d’enthousiasme une équipe pluridisciplinaire pour l’atteinte des objectifs de l’ODDB ONG.